présentation du généathème d'avril 2025 : ne te découvre pas d'un fil
Généalogie,  Généathèmes

Généathème – En avril, ne te découvre pas d’un fil !

Temps de lecture : 8 minutes

Pour le généathème du mois d’avril, Geneatech nous propose de « jouer » avec le fil, que ce soit en lien avec les métiers (tisserands, faiseurs de bas, liciers, …) de nos ancêtres ou leur activités (ma grand-mère maternelle était très bonne couturière et tricoteuse), par exemple.

Mes ancêtres et les métiers du fil

Je ne savais pas trop comment attaquer le généathème du mois. C’est après avoir lu plusieurs billets dont celui d’Evelyne sur son blog Ciel mes aïeux !, que j’ai ouvert le dictionnaire des métiers dans mon fichier Heredis pour faire le point sur mes ancêtres et collatéraux qui ont travaillé dans les métiers du fil. Et voici ce qu’il en ressort :

Bourrelier* : fabricant d’articles de cuir pour le harnachement des chevaux, fabricant de courroies1
Brodeuse* : personne décorant de broderie les vêtements sacerdotaux et d’armoiries les autres vêtements 3
Cadissier* : fabricant de pièces de laine tricotées (cadis)1
Cardeur* : personne démêlant (cardant) la laine6
Cordier* : fabricant de cordes3
Couturière* : couseuse chargée de coudre les pièces d’étoffe ou de cuir que d’autres confectionnent12
Faiseur/faiseuse de bas* : fabricant de bas de soie54
Fileuse** : personne qui file de la laine, du coton ; ouvrière travaillant sur un métier à filer dans une filature5
Imprimeur d’étoffes* (ou indienneur) : ouvrier imprimant au rouleau des figures ou des fleurs sur des toiles de coton appelées « indiennes »1
Lingère* : marchande qui vend de la toile, des mousselines, des dentelles et qui fait du linge1
Matelassier* : Fabricant de matelas ou ouvrier qui bat et carde les laines destinés à les bourrer1
Ouvrier en soie** : Ouvrier qualifié dans le travail de cette matière1
Passementier* : fabricant ou vendeur de bandes de tissu servant d’ornement en bordure d’un vêtement ou d’une teinture2
Peigneur de laine* : Ouvrier cardeur démêlant la laine obtenue du détouilleur (premier peigneur de laine démêlant grossièrement la laine)1
Piqueuse* : Ouvrière qui passe le fil de chaîne dans les peignes1
Taffetassier* : Ouvrier de la région, et particulièrement de Nîmes, faisant du taffetas, étoffe de soie unie et brillante10
Tailleur d’habits* : Artisan qui fabriquait les vêtements6
Tisserand* : ouvrier qui fait des toiles, des étoffes de laine ou de soie5
Les définitions suivies d’une * sont issues du site https://www.vieuxmetiers.org/, celles qui sont suivies de ** sont issues du site https://www.cnrtl.fr/definition/

Pour écrire ce billet, j’ai donc choisi de tirer au sort un ancêtre dans la catégorie la plus nombreuse, celle des faiseurs de bas ou debassaire en occitan. Sans surprise, ces travailleurs du fil ont majoritairement vécu dans le Gard, dans la région de Nîmes et des Cévennes, à Saint-Jean-du-Gard notamment. Le travail de la soie dans les Cévennes est attesté depuis le 13e siècle et pendant plusieurs siècles, les Cévennes sont restées le centre de la sériciculture française. Les bas de soie étaient alors fabriqués à la main. A la fin du 16e siècle William Lee, un pasteur anglais, a inventé « un métier à tisser spécialement conçu pour la fabrication des bas de soie » qui substitué le travail de la machine à celui des doigts de l’ouvrier.
C’est Jean Hindret qui, au milieu du 17e siècle, rapporte les plans de la machine en France. Il « reçoit, en 1656, la permission d’installer une manufacture royale « pour faire sur métier toutes sortes de camisoles, caleçons, bas, canons et chaussons, et tous autres ouvrages de soie, fil, laine, cotton et autres filages propres à employer en la manière qu’ils se font aux pays étrangers »« .
Simon-Pierre Grizot, dès l’année 1680, introduit à Nîmes le métier à faire des bas de soie. Après les quelques années nécessaires à son développement, cette industrie est bientôt bien installée. En effet, dès 1710, la corporation des marchands et fabricants de bas était régie par des règlements particuliers. Il faut toutefois attendre les années 1740 pour que cette industrie connaisse une réelle importance à Nîmes, bien sûr, mais également dans les Cévennes.
A St-Jean-du-Gard, sont principalement fabriqués les articles mêlés dans les qualités supérieures en soie, en coton et en fil d’Ecosse. Ces produits se vendent alors autant sur le marché du Vigan, pour les locaux, qu’à l’étranger. Ces bas de qualité sont revêtus dans toutes les cours d’Europe et ce jusque dans les Indes Orientales.
Au 19e siècle, toute la production des bas se concentre dans les Cévennes et prend le pas sur la bonneterie nîmoise. Saint-Jean-du-Gard est l’un des centres les plus importants.

La majorité des faiseurs de bas étaient des artisans travaillant à domicile, parfois regroupés en petits ateliers familiaux. Les « maîtres faiseurs de bas » formaient des apprentis et travaillaient avec des compagnons, selon le système des corporations et confréries, en vigueur jusqu’au début du 19e siècle. Vraisemblablement, mes ancêtres et collatéraux travaillaient sur un métier plus ou moins identique à celui ci-dessous.

Schéma du métier à tisser les bas ordinaire – Source : Conservatoire numérique des Arts et Métiers

situation.

Détail de la planche Métier à faire les bas – Source : ENCCRE

Mais revenons à notre élu du jour. Le sort a désigné Héloïse SUJOL (ou SOUJOL) dont je vous ai déjà rapidement parlé dans l’épisode 4 de la recherche de mon sosa 2020. En effet, Héloïse est l’épouse de Jacques François VALENCIN, sujet de l’article. Elle a eu une vie relativement courte, je n’avais pas grand chose de plus à en dire. Je me suis alors attachée à vérifier si elle avait eu des frères et soeurs, ce que je n’avais jamais pris le temps de faire.

Une recherche sur Filae m’a permis de trouver un Jean SUJOL, fils de Jean SUJOL et Jeanne GIRARD. Héloïse a bien eu un frère ! Me voilà partie dans les registres pour récupérer les actes… et de fil en aiguille, me voilà en train d’ajouter du monde à la fratrie !

Jean SUJOL, faiseur de bas

Jean est le fils de Jean SUJOL (1779-1861), faiseur de bas, et Jeanne GIRARD (1782-1861) qui se sont mariés le 14 germinal an XI (4 avril 1803) à Saint-Jean-du-Gard, qu’ils ne vont jamais quitter.

Acte de naissance de Jean Sujol – Source : Archives départementales du Gard

Jean naît le 24 nivôse an XII (15 janvier 1804) à Saint-Jean-du-Gard, il est l’aîné d’une fratrie de six enfants et viennent après lui :

  • Héloïse, ma sosa 127, née le 22 août 1805 et décédée le 12 juillet 1845, âgée de presque 40 ans ;
  • Antoine Charles, né le 25 décembre 1807 et décédé le 4 septembre 1809, à l’âge de 20 mois ;
  • Adèle, née le 16 décembre 1809. Celle qui se fait appeler Adeline – elle apparaît ainsi sur tous les actes qui la concernent – épouse Eugène ARNASSAN le 16 avril 1835 et donne naissance à Jean Eugène le 20 août 1835 (il y avait vraisemblablement un Polichinelle dans le tiroir…). Jean Eugène va épouser, le 25 octobre 1855 à Marseille, Françoise Héloïse VALENCIN qui n’est autre que la soeur de ma sosa 63, Victoire Beatrix VALENCIN ! Adèle/Adeline est décédée le 9 mai 1867 à Marseille ;
  • Fanny, née le 20 juillet 1812 et décédée le 17 avril 1813, à l’âge de 8 mois ;
  • Auguste, né le 26 juin 1816 et décédé le 17 septembre 1818, à l’âge de 2 ans.

Nous retrouvons Jean en 1824 au moment de son recensement militaire.

Liste départementale du contingent de la classe 1824, extrait – Source : Archives départementales du Gard

Il avance le fait d’être bègue pour se faire dispenser du service mais la commission de révision ne considère pas que cela l’empêche d’être soldat ! Il part donc pour les 8 ans du service obligatoire. Sa famille n’avait certainement pas assez d’argent pour lui payer un remplaçant. Je n’ai pas encore réussi à trouver les éléments me permettant de savoir quel est son parcours dans l’armée. Si quelqu’un a une piste, je suis preneuse !

Quelques années après son retour, Jean convole avec Marie Philippine PLANQUE, le 15 décembre 1833 à Mialet (Gard). Elle est fille de François PLANQUE (?-1817) et Émilie JOURDAN (?-avant 1850), née le 3 novembre 1806 à Mialet.

Acte de mariage de Jean et Marie Philippine – Source : Archives départementales du Gard

Il semblerait qu’aucun enfant ne soit né de ce union, jusqu’ici je n’ai trouvé aucune mention. Dans le recensement de 1836 à Mialet, ils n’apparaissent que tous les deux dans le ménage.

Devenu veuf en septembre 1850, Jean se remarie le 11 janvier 1851 avec Delphine MAURIN, née le 14 septembre 1816 à Bassurels (Lozère), fille de François MAURIN et Jeanne GEMINARD.

Acte de mariage de Jean et Delphine – Source : Archives départementales du Gard

Delphine et Jean ont eu quatre enfants :

  • Jean Marius, né le 18 novembre 1851 à Saint-Jean-du-Gard. Avec son épouse Victoire Virginie POUJOL, il a eu 11 enfants mais 4 seulement ont vécu au-delà de leurs 2 ans. Il est décédé le 18 décembre 1937 à Ribaute-les-Tavernes (Gard) ;
  • Sophie Valentine, née le 3 avril 1853. Elle a donné naissance, le 23 janvier 1877, à Louis Antoine, enfant naturel reconnu par Antoine VERDIER. Elle est décédée à l’âge de 29 ans, le 8 mars 1883 ;
  • Delphine Berthe, née le 9 novembre 1854 et décédée le 26 janvier 1932, célibataire ;
  • Louise, née le 21 octobre 1857. Elle épouse Paul COMBET le 17 août 1895 à Saint-Jean-du-Gard, avec qui elle a deux enfants. Elle décède le 13 mai 1919 à l’hôpital de Montpellier.

Dans le recensement de 1876 à Saint-Jean-du-Gard, Jean apparaît au 3 de la rue d’Issoire. Le ménage est composé de lui, de ses filles Sophie Valentine – dont on apprend qu’elle est aveugle de naissance -, Delphine Berthe et Louise mais aussi d’Antoine VERDIER, vannier. Oui, celui qui a reconnu le fils de Sophie Valentine…
Delphine, l’épouse de Jean, n’apparaît pas dans le recensement car elle est décédée le 5 mars 1871.

Jean termine sa vie à Saint-Jean-du-Gard où il s’éteint le 23 novembre 1879.


Sources :

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