
Non-généanniversaire – Pierre Joseph Giraud
Un non-généanniversaire ?! Oui, parce que je confesse avoir fait une erreur de débutante : je n’ai pas lu un acte en détails et je me suis trompée de personne. Et c’est, encore une fois, le pauvre Pierre Joseph Giraud qui en fait les frais…
Souvenez-vous, lors du ChallengeAZ 2019, je pensais qu’il était parti travailler aux Etats-Unis mais il s’agissait en fait d’un homonyme. Eh oui, vous l’avez compris : ce 21 août 2025 n’est pas la date anniversaire du décès de Pierre Joseph, enfin pas de l’arrière-arrière-grand-père de mon chéri !
Vous l’aurez compris, nous partons dans les Hautes-Alpes aujourd’hui.
Ceci dit, à ma décharge, les Giraud sont pléthore à L’Argentière !
La famille Giraud
Pierre Joseph est le fils de Joseph Giraud dit du Moulin et de Marie Madeleine Albert, la deuxième épouse de Joseph.
Joseph est né le 27 septembre 1812 à L’Argentière, fils de Pierre Giraud (1785-1854) et Catherine Faure (1785-1816). Le 14 septembre 1843, il épouse Marguerite Roux (1816-1849) ; il a 30 ans, elle en a 27. Marguerite est la fille de Jean Vincent Roux (1789-1861) et de Élisabeth Giraud (1793-1821).
Marguerite donne naissance à un fils, Jean Pierre, le 26 juin 1847 mais elle décède quelques années plus tard, le 26 septembre 1849.
Devenu veuf avec un enfant en bas-âge, Joseph se remarie le 18 septembre 1851 avec Marie Madeleine Albert (1827-1905), fille de Jean Baptiste Albert (1797-1858) et Marie Violin (1804-1849) habitants des Vigneaux, une commune voisine.
De cette deuxième union vont naître :
- Marie Mélanie (1853-1897)
- Joseph (1855-1856)
- Marie Madeleine (1857-?)
- Pierre Joseph (1860-?), notre élu du jour
- Marie Benoîte (1863-1865)
- Louis Jacques (1866-?)
- Marie Eliza (1873-?)
Joseph décède le 2 octobre 1876 à L’Argentière. Marie Madeleine s’éteint 30 ans plus tard, le 30 novembre 1905, aussi à L’Argentière.
Et je m’interroge sur la présence lors du recensement de 1886 d’une Giraud Marie Joséphine, âgée de 7 ans, au foyer de Marie Madeleine Albert, désormais veuve et âgée de 60 ans. Selon l’âge indiqué, Marie Joséphine serait née en 1879, soit trois ans ans après le décès de Joseph…
(Marie) Joséphine apparaît à nouveau sur le recensement de 1891.
On sait très bien que les recensements sont déclaratifs et donc avec des informations approximatives mais je doute que Marie Joséphine soit la fille de Marie Madeleine, plutôt une petite-fille. Cela mérite des recherches complémentaires mais revenons-en à notre sujet du jour !
Pierre Joseph
Son enfance et sa jeunesse
Pierre Joseph est donc le fils de Joseph Giraud dit du Moulin et de Marie Madeleine Albert, sa deuxième épouse. Il naît le 28 avril 1860 à L’Argentière, au plan Léothaud (ou Léauthaud, selon les registres). Il y passe son enfance avec sa famille, comme on peut le conclure des recensements de 1861 et 1866.
Nous le retrouvons en 1880, lorsque sonne l’heure d’aller sous les drapeaux.

Mais finalement, le jeune homme brun au visage ovale et au menton rond, mesurant 1,56 m, est dispensé de service militaire comme « unique de veuve ». Le 1er juillet 1886, il est placé dans la réserve de l’armée active et il effectue deux périodes d’exercices : du 1er au 28 août 1887 puis du 7 au 31 octobre 1889 à Gap au 96e régiment d’infanterie de ligne. A compter du 27 septembre 1891, il est « classé aux affectations spéciales comme employé dans l’administration des Forêts des Hautes Alpes et affecté au 10e Bataillon de chasseurs forestiers ».
Dans le recensement de 1886, Pierre Joseph apparaît encore habitant chez ses parents, au plan Léothaud.
Sa vie d’homme
Pierre Joseph se marie avec Judith Alexandrine Roux (1858‑1950) – la mémé petite -, fille de Jean Pierre Roux (1819‑1883) et de Victoire Fine (1824‑1871), le 2 décembre 1886 à L’Argentière. Les jeunes mariés sont entourés de Marie Madeleine, la mère de Pierre Joseph, et de leurs témoins, Frédéric Eugène Blein, Jean Pierre Giraud, « frère utérin de l’époux » – son demi-frère issu du premier mariage de Joseph -, Auguste Pellegrin et François Pellegrin.
Le couple va s’installer, sûrement peu de temps après son mariage, à Freissinières au hameau des Aujards où naît le premier enfant du couple Eliza Alexandrine Julie, le 11 janvier 1888. Elle décède le 4 février de l’année suivante. Marie Julie naît elle aussi aux Aujards, le 1er juillet 1890. Pierre Joseph est cultivateur sur ces deux actes de naissance.
Le 23 février 1893, lors de la naissance de Pierre Joseph, ses parents sont domiciliés au Serre Haut, sur la commune de L’Argentière. Le couple est donc revenu dans son village d’origine et Pierre Joseph exerce maintenant la profession de garde forestier.
Les cinq dernières années du siècle apportent à Pierre Joseph et Judith Alexandrine leur lot de joies et de peine. Le 10 août 1895, Laurence Elise vient au monde mais elle ne vivra que 19 mois. Le 18 juin 1899, Marie Louise vient rejoindre Marie Julie et Pierre Joseph. Elle perd son frère le 14 octobre suivant, à l’âge de 6 ans.
Sur ces derniers actes d’état-civil, Pierre Joseph indique qu’il est garde forestier.
Le métier de garde-forestier
Dans les Hautes-Alpes du 19ᵉ siècle, les déboisements, le surpâturage et l’érosion ont fragilisé les versants alpins, laissant place à des torrents tumultueux et des terrains instables. Pour répondre à ce défi environnemental, l’administration des Eaux et Forêts déploie ses agents de terrain : les gardes forestiers, souvent installés dans des maisons isolées au cœur des massifs. Ils arpentent les pentes, surveillent la coupe illégale, régulent le pâturage, constatent les infractions, veillent au suivi des reboisements et supervisent les jeunes plants – en particulier dans le cadre des lois de restauration des terrains en montagne (1882 et suivantes).
En 1875, l’État crée une formation plus militaire : le corps des chasseurs forestiers, des troupes d’élite armées, volontairement incorporées au sein des forces militaires en temps de guerre. Ces chasseurs forestiers incarnent une autorité renforcée : en période de paix, ils assistent dans la surveillance des massifs ; en temps de guerre, ils sont mobilisés pour soutenir l’armée, notamment dans l’approvisionnement en bois et l’appui au Génie.
Ainsi se dessine un double maillage dans les Hautes-Alpes :
- Le garde forestier, figure de proximité, médiateur souvent apprécié des populations, vigilant sur l’usage des ressources forestières.
- Le chasseur forestier, portant l’uniforme, est le symbole d’une autorité plus rigide et mobilisable en cas de crise ou de conflit.
Ces deux figures, complémentaires, ont contribué à transformer durablement la montagne : replantées, mieux surveillées, les forêts renaissent, et la relation entre les habitants et leur environnement s’établit (ou se rétablit) dans un cadre réglementé – une évolution profonde qui marque encore aujourd’hui le paysage alpin.

Ses deux filles
En 1899, il ne reste plus que deux des cinq enfants de Pierre Joseph et Judith Alexandrine encore en vie.
Marie Julie, surnommée la mémé de Saint-Jean, est donc née le 1er juillet 1890 à Freissinières. Elle a épousé Ferréol Hippolyte Meynier (1886-1962) le 7 mai 1910 à L’Argentière. Le couple va avoir 6 enfants : Marcel Joseph (1913-1914), Marie Andréa (1917-2009), Roger Marcel (1919-?), Renée Juliette (1922-2015) – la mémé Nénette de mon chéri, Albert Georges (1924-1997) et Ferréol (1929-1991). Elle décède le 22 août 1975 à Briançon.
Marie Louise, tata Y, naît le 18 juin 1898 à L’Argentière. Elle épouse François Alexis Toye le 25 février 1922 à L’Argentière. Ils ont eu deux enfants, Suzanne (1923-2015) – que j’ai connue – et Marcel (1925-1969). Elle est veuve en 1928 et s’éteint en 1990.
Le non-généanniversaire
Il ya quelques mois, j’avais trouvé le décès d’un Pierre Joseph Giraud le 21 août 1925 dans les tables cantonales de L’Argentière. J’ai bêtement noté cette date sans plus de vérification. Quand je suis allée aux archives départementales des Hautes-Alpes en février dernier, j’ai eu un peu de mal à me repérer dans les registres de l’enregistrement et j’ai photographié cette transcription d’un acte de notoriété.

Et c’est en faisant les vérifications et recherches complémentaires pour écrire ce billet que j’ai eu l’idée d’aller vérifier dans les tables de successions et absences : l’épouse n’est pas la bonne !! Et puis, si j’avais lu attentivement la transcription plus tôt, j’aurais remarqué qu’en 1925 Pierre Joseph (l’AAGP de mon chéri) n’avait plus que deux enfants vivants… ça ne pouvait pas être le bon !
C’est finalement en allant dans les recensements, une nouvelle fois, que j’ai pu définir une courte période durant laquelle Pierre Joseph est décédé : il apparaît encore – sous l’unique prénom Joseph – dans celui de 1936 (le plus récent disponible en ligne) et ma belle-mère ne l’a pas connu en étant née au début des années 1940…
Il ne me reste plus qu’à aller faire un tour aux archives départementales lors de mon prochain passage dans les Hautes-Alpes pour trouver la date exacte !
NOTA. Cet article a été rédigé avec l’aide de l’intelligence artificielle, à partir de mes recherches, notamment pour la partie sur le métier de garde-forestier.
2 commentaires
celsouef
Très intéressant. Pour Marie-Josephine, j’ai déjà eu le cas d’enfant de la famille étant recensé chez des oncles et tantes voir même chez une grande-tante célibataire. C’est peut-être quelqu’un de la famille élargie?
Delphine
Ah oui ! Merci pour cette nouvelle piste de recherche et pour le commentaire 🙂