Généanniversaire – Pierre MATHIEU
Le 4 avril 1737, Guilhaume MATHIEU (23 octobre 1708-17 brumaire an 4/8 novembre 1795) et Marguerite PIALAT (vers 1715-3 octobre 1765) contractent mariage chez Me CHABROL, notaire à Sainte-Cécile-d’Andorge (Gard). Si j’ai pu récupérer les images de ce contrat, je ne m’y suis pas encore attaquée : mon niveau en paléographie ne me semble pas assez bon…

Mais cela n’est pas notre sujet du jour !
A ce jour, je n’ai trouvé ni la date ni l’acte du mariage entre Guilhaume et Marguerite mais je leur ai trouvé huit enfants
Le troisième de la fratrie, Pierre, est mon sosa 206, c’est à dire mon ancêtre à la 8e génération. Il est le sujet du généanniversaire du jour car il est décédé il y a deux cents ans jour pour jour, le 3 mars 1825.
Le début de son histoire
Pierre est donc le troisième enfant d’une fratrie qui en compte huit. Il naît le 17 janvier 1743 au Collet-de-Dèze (Lozère), dans le hameau du Coudouloux, situé tout au nord de la commune à la limite de Chamborigaud. Il est baptisé le jour même avec pour parrain Pierre FOLCHER – qui semble être également le parrain de son frère Jean Pierre en 1755 puis de son fils Jean en 1772 – et pour marraine Anne MATHIEU, sa tante.
Situé aux confins de la Lozère et du Gard, Le Collet-de-Dèze compte à la fin du 18e siècle un peu moins de 1200 habitants, éparpillés dans nombres de hameaux et lieux-dits. Nous sommes en pleine zone protestante et la quasi-totalité de la population est restée dans la religion interdite après la révocation de l’Edit de Nantes sous couvert d’une apparente conversion. Cela explique sans doute les difficultés pour trouver certains actes et la présence d’autres dans les registres catholiques. Selon Wikipedia, « le temple protestant est l’un des 3 seuls temples en France construits avant la révocation de l’Édit de Nantes et qui a survécu aux destructions lors de la persécution des Huguenots« .
Mais revenons à celui auquel nous nous intéressons aujourd’hui. Pierre perd sa mère, âgée de 50 ans, le 3 octobre 1765, il a 22 ans.
Son premier mariage
En 1768, Pierre devient père pour la première fois : son épouse Marguerite ROUX (née vers 1745) à Saint-Andéol-de-Clerguemort (Lozère), une commune au nord du Collet-de-Dèze, donne naissance à leur fils Pierre le 20 février.
A ce jour, je n’ai pas encore réussi à trouver l’acte de mariage de Pierre et Marguerite. Il est possible qu’il ait eu lieu à Saint-Andéol-de-Clerguemort – qui est « depuis 1er janvier 2016 une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Ventalon-en-Cévennes » (source Wikipédia) – dont les registres ne commencent qu’en 1777.
Le couple va accueillir huit autres enfants.
Je pensais avoir trouvé le mariage de Marie, la première fille du couple, mais les dates ne collent pas : elle aurait 11 ans lors de son mariage et 13 ans à la naissance de son premier enfant. C’est une situation que je n’ai jamais rencontrée jusqu’ici. Je ne dis pas que c’est impossible mais ça me semble tout de même très improbable. Je vais donc devoir vérifier si une deuxième famille MATHIEU/ROUX ne trainerait pas dans le coin…
Le couple a plusieurs fois déménagé entre Le Collet-de-Dèze, Sainte-Cécile-d’Andorge et Alès, certainement pour suivre Pierre qui était journalier et devait louer ses bras dans les exploitations de la région.
Le triste destin de son fils Louis
Louis est le septième enfant de Pierre et Marguerite. Il naît lé 20 janvier 1782 à Sainte-Cécile-d’Andorge, au hameau des Ponchés, et reçoit le baptême le lendemain. Son parrain est « Louis GILLES du lieu de Chalrage [commune de Sainte-Cécile-d’Andorge] et la marraine Marianne DONADILLE sa femme« .
Le 23 fructidor an 10 / 10 septembre 1802, il épouse Suzanne NOUVEL (1780-?) à Alès. De cette union naissent trois enfants : Marie Magdeleine (1805-?), Marie Rose (1807-1810) et un petit garçon mort-né (1810).
En 1813, Louis part à l’armée à l’âge de 31 ans. Il arrive au 13e Régiment d’infanterie de ligne le 26 mai. Sa fiche matricule nous donne sa description physique et nous indique qu’il est affecté au 5e Bataillon 2e Compagnie. Mais il n’y reste pas très longtemps puisqu’il est envoyé au 53e RIL le 14 août suivant.
J’ai été très étonnée de trouver, via Geneanet, qu’il est décédé en Italie. En faisant quelques recherches, j’ai trouvé une explication. Nous sommes en pleine période des guerres napoléoniennes. Après la désastreuse campagne de Russie en 1812, la Sixième Coalition (Royaume-Uni, Russie, Prusse, Autriche, Suède) engage une série d’offensives contre les troupes françaises sur plusieurs fronts en Europe. L’Italie, qui est sous contrôle français depuis la fin du 18e siècle, devient un théâtre secondaire mais stratégique du conflit. La campagne d’Italie de 1813-1814 se déroule principalement dans le nord de l’Italie et oppose les forces françaises du vice-roi Eugène de Beauharnais aux troupes autrichiennes commandées par le maréchal Heinrich von Bellegarde.
Louis, grenadier au 53e RIL, est décédé à l’hospice civil de Turin, le 29 janvier 1814 de « maladie anomale », c’est à dire d’une « maladie qui ne suit point un cours réglé dans ses périodes » d’après la définition du terme trouvée à la page 176 du Dictionnaire des sciences médicales de 1812. Pour essayer d’en savoir un peu plus, je me suis amusée à poser la question à ChatGPT et voici sa réponse :
En 1814, la médecine était encore peu développée par rapport à aujourd’hui, et les termes employés dans les registres d’état civil ou paroissiaux pouvaient être assez vagues.
L’expression « maladie anomale » dans un acte de décès de cette époque pourrait signifier plusieurs choses :
- Une maladie inconnue ou mal diagnostiquée par les médecins de l’époque. Le terme « anomale » pourrait indiquer qu’elle ne correspondait pas aux pathologies courantes.
- Une affection aux symptômes inhabituels ou dont l’évolution a surpris les médecins ou la famille.
- Une maladie rare ou mystérieuse, sans nom précis à l’époque, comme certaines infections, troubles neurologiques ou maladies génétiques mal comprises.
- Une manière d’indiquer une mort inexpliquée sans preuve de cause évidente (ce qui pouvait inclure des causes accidentelles ou même criminelles dans certains cas).
En résumé, on ne sait pas vraiment de quoi il est mort…
Son décès est transcrit dans les registres de Sainte-Cécile-d’Andorge le 5 avril 1814, le temps que la nouvelle arrive en France.
Son deuxième mariage
Quelques années avant la mort de son fils Louis, Pierre a déjà perdu son épouse Marguerite, décédée le 27 mai 1809 à Alès.
Pierre se remarie, à l’âge de 74 ans, avec Anne FELJAS, de trente ans sa cadette. Elle est née le 19 juin 1773 à Saint-Andéol-de-Clerguemort. Le contrat de mariage est passé le 1er octobre 1817 chez Me André Deleuze, notaire à Alès, et le mariage célébré le 15 octobre suivant. Le 19 janvier 1818 naît Anne, mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère. Elle semble être la seule enfant du couple.
Pierre ne la verra pas devenir adulte, il s’éteint le 3 mars 1825 alors qu’Anne n’a que sept ans. Il en a 82.
Sources
- Contrat de mariage entre Guilhaume MATHIEU et Marguerite PIALAT, Archives départementales du Gard, Minutes notariales – Sainte-Cécile-d’Andorge, Etude Me Henri Alexis Chabrol (1736-1737), 2 E 23/664, vues 203 à 208/287
- Cadastre Le Collet-de- Dèze, Tableau d’assemblage (1/10000), 1833, 3 P 1742-1, vue 1/1
- Acte de baptême de Pierre MATHIEU, Archives départementales de Lozère, Registre Paroissial – Le Collet-de-Dèze, Baptêmes, mariages, sépultures (1736-1754), EDT 051 GG1, vue 27/56
- Acte de baptême de Louis MATHIEU, Archives départementales du Gard, Registre Paroissial – Sainte-Cécile-d’Andorge, Baptêmes, mariages, sépultures (1757-1792), GG 4, vue 219/323
- Fiche matricule de Louis au 13e RIL, Mémoire des hommes
- Fiche matricule de Louis au 53e RIL, Mémoire des hommes
- Acte de décès de Louis MATHIEU, Archivio Storico di Torino, Registre Etat Civil – Torino, Décès, n. 1-1197, parte 1 (1814), vue 136/265
- Acte de décès de Pierre MATHIEU, Archives départementales du Gard, Registre Etat Civil – Alès, Décès (1824-1825), 5 E 1434, vue 119/203
