ChallengeAZ_2018,  Généalogie

O comme… Ordre religieux

Temps de lecture : 5 minutes
O
Lettre O, Alphabet par Kate Greenaway – Source : Gallica

 

Définition

« Société religieuse dont les membres ont fait solennellement vœu de vivre selon une règle. »

 

Dans mon arbre…

Je sors à nouveau de ma lignée directe pour vous parler de Marie ALLEGRE, dite sœur Thérèse, native de Saint-Martin-de-Valgalgues (Gard).

C’est en faisant une recherche sur le couple Allègre/Soustelle sur Filae que j’ai trouvé la date de décès de Marie, le 2 octobre 1870 à Auxerre (Yonne). Mais pourquoi donc est-elle morte si loin de sa ville natale ? C’est dans l’acte lui-même que j’ai trouvé la réponse : elle était religieuse et demeurait à l’Hôtel-Dieu d’Auxerre.

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Acte de décès de Marie Allègre, détail – Source : Archives départementales de l’Yonne

Je ne connais pas du tout la ville d’Auxerre où je ne suis jamais allée. De même, je ne connais les filles de la charité que de nom. En faisant des recherches sur internet pour en savoir un peu plus sur les filles de la charité de St Vincent de Paul et l’Hôtel-Dieu d’Auxerre, je trouve une carte postale d’Auxerre sur Geneanet sur laquelle on voit l’église St Germain et l’Hôtel-Dieu.

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Auxerre, St Germain et l’Hôtel-Dieu – Source : Geneanet

En voulant regarder l’image de plus près, je m’approche de l’écran et me voilà soudain happée par l’écran… J’atterris dans la cour de l’hôpital où j’aperçois une cornette d’environ 70 ans qui me fait signe de la rejoindre. Je m’approche, elle me tend la main.

« Bonjour Delphine, je t’attendais », me dit-elle avec un sourire.

« Bonjour, je suppose que vous êtes Marie. »

« Tu as compris. J’ai senti que tu t’interrogeais alors je me suis dit que le mieux était de t’expliquer. »

Elle me prend par le bras et nous commençons une promenade au cours de laquelle elle me raconte sa vie.

« Mes parents s’appelait Jean ALLEGRE et Margueritte SOUSTELLE [mes sosa 200 & 201]. Ils se sont mariés pendant la période révolutionnaire [le 09 brumaire an V/30 octobre 1796]. Et moi je suis née le 2 novembre 1797, au hameau de la Vabreille, sur la commune de Saint-Martin-de-Valgalgues (Gard). Je suis l’aînée, j’ai eu 5 frères et sœurs : Jean Jean-François, Rosalie, Jean Jacques François, Rosalie et Louis. Nos parents étaient cultivateurs et nous avons eu une enfance assez heureuse même s’il nous a fallu souvent aider dans les champs.

Très tôt, j’ai senti que j’étais faite pour aider mon prochain. J’ai eu de la chance, mes parents ont compris. Le 7 mars 1825, un mois après le mariage de mon frère Jean Jean-François avec Marguerite Boulet, j’ai fait mon entrée dans la Compagnie des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul à Alès. »

Elle fait une pause dans son récit, je sens que l’émotion l’étreint à l’évocation de ses souvenirs. Nous nous asseyons sur un banc et je regarde autour de moi, le temps qu’elle se reprenne.

Elle recommence son récit en me faisant un rapide historique de sa congrégation.

« La Compagnie des Filles de la Charité a été fondée le 29 novembre 1633 par St Vincent de Paul, Louise de Marillac et Marguerite Naseau. St Vincent disait que nous avions pour monastère, la maison des malades, pour cellule, une chambre de louage, pour chapelle, l’église de notre paroisse, pour cloître, les rues de la ville, pour clôture, l’obéissance, pour grille, la crainte de Dieu, pour voile, la sainte modestie…, et une confiance continuelle en la divine Providence… Nous faisons quatre vœux : celui de servir les pauvres et ceux de chasteté, pauvreté et obéissance que nous renouvelons chaque année. »

Elle enchaîne. « Nous nous occupons des pauvres malades jusque dans leurs maisons. Nous avons soin des malades dans les hôpitaux, de l’éducation des petites filles dans les écoles, des enfants trouvés. Certaines s’occupent des soldats blessés, des vieillards et des insensés, des marginalisés ; nous allons partout, et toute personne dans le besoin est l’objet de nos soins. »

Je l’écoute en prenant bien soin de noter tout ça dans un coin de ma tête pour pouvoir faire des recherches par la suite. Elle sent que mon esprit s’évade et reprend.

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Nonnes, Armand Gautier, huile sur panneau, XIXe siècle – Source : Wikipedia

« Mais revenons à notre famille ! Donc, mon frère s’est marié en février 1825, j’ai fait mon entrée chez les Filles de la Charité en mars et j’ai pris l’habit le 13 septembre de la même année à Alès. C’est ce jour-là que je suis devenue sœur Thérèse et que j’ai commencé à porter la cornette, notre coiffe si particulière. Ensuite, je suis partie à Trévoux dans l’Ain, c’est là que j’ai prononcé mes premiers vœux en 1830. Je suis ensuite allée à l’Hôtel-Dieu de Narbonne jusqu’au début du mois de janvier 1840. Et c’est le 19 janvier 1840 que je suis arrivée ici, à l’Hôtel-Dieu d’Auxerre. Cela fait bientôt 30 ans que j’y suis et c’est ici que je finirai ma vie. » Je sens dans cette dernière phrase un peu de mélancolie et je n’ose pas lui demander si elle a revu sa famille régulièrement.

« Marie, il va être l’heure de vous laisser… »

« Bien sûr, il faut moi aussi que je retourne auprès de mes malades. Merci d’être venue me rencontrer et de m’avoir écoutée. »

Je la remercie une nouvelle fois, je m’éloigne en jetant un dernier regard sur l’Hôtel-Dieu. Au moment, où je me retourne, me voilà revenue devant mon écran d’ordinateur. Il ne me reste plus qu’à coucher tout ce que je viens d’entendre sur le papier…

Cette rencontre est bien évidemment imaginaire mais basée sur des éléments réels. Les différentes étapes de la « carrière » de sœur Thérèse sont conservées dans son dossier aux archives de la Compagnie des Filles de la Charité et m’ont été gracieusement transmises par leur archiviste que je remercie. 

D’elle… à moi…

Jean ALLEGRE (1768-1837)
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Marie ALLEGRE (1797-1870) / Jean Jean-François ALLEGRE (1800-1867)
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Louis Demetrius ALLEGRE (1841-1922)
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Valérie, Louise, Joséphine ALLEGRE (1880-1944)
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Joseph Louis Isidore GOURDOUX (1901-1943)
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Albert GOURDOUX (1924-2002)
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maman
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moi


SOURCES

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