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O comme ouvrière en soie

Temps de lecture : 4 minutes

Pour être honnête, la rédaction de cet article était plus que mal partie mais grâce à la rapidité d’un bénévole du Fil d’Ariane 38, je suis en mesure de produire un article avec un peu plus de contenu qu’initialement prévu…

Marie Henriette FINET est née à La Sône (Isère), de Fleury (1813-1852) et Henriette RODET (1818-1864), le 28 septembre 1850. Elle est l’unique enfant de la fratrie ayant atteint l’âge adulte : de Joseph Fleury (1843-1848), Marie Angélique Henriette (1845-1847) et Jules Adolphe (1847-1849), aucun n’a dépassé les 6 ans de vie.

Le début de sa vie

Ainsi son enfance va être fortement imprégnée de la mort, elle n’a même pas 2 ans lorsqu’elle perd son père, alors âgé de 39 ans. Il était journalier, il n’y a aucune indication de la cause du décès dans l’acte. En 1864, tout juste âgée de 14 ans, elle devient orpheline de mère. Il faut que je fasse une recherche pour voir s’il y a eu conseil de famille et quelles ont été les dispositions…

Usine de tissage de La Sône – Source : Delcampe

Nous retrouvons Marie Henriette en 1871, le 5 novembre pour être précis, dans l’étude de Me Dorey, notaire à Saint-Marcellin. Elle est accompagnée de son fiancé Xavier MEYNIER, ils viennent signer le contrat de mariage qu’a préparé le notaire.

Xavier est cultivateur, domicilié à Chatte. Seule sa mère est encore en vie. Dans l’acte, il est dit « stipulant en son nom personnel« .

Marie Henriette est ouvrière en soie. Il n’est pas spécifié si elle travaille à l’usine de tissage ou à domicile comme cela se répand de plus en plus à cette époque. Elle est âgée de 21 ans et elle aussi « stipulant en son nom personnel« . Ses deux parents sont décédés, nous l’avons vu.

Son mariage

Intéressons-nous de plus près au contenu du contrat… « Les futurs époux ont déclaré vouloir adopter le régime de la communauté de biens réduite aux acquets. » C’est-à-dire que chacun des deux époux conserve la propriété des biens qu’il possédait avant le mariage.

Contrat de mariage entre Xavier Meynier et Marie Henriette Rodet, détail – Source : Archives départementales de l’Isère

A l’article deux, nous apprenons que « la future épouse se constitue en dot et apporte au mariage, un trousseau composé de ses vêtements, linges et autres effets à l’usage de sa personne, ainsi que divers objets mobiliers comprenant notamment un lit garni, une garderobe, un buffet, une table, une horloge, le tout amiablement évalué sans aliénation à la somme de sept cent francs« .

Puis, à l’article trois, que « les apports du futur époux ne consistent actuellement qu’en ses effets personnels non évalués. » C’est donc Marie Henriette qui va apporter de quoi meubler le logement. Le niveau de vie d’un ouvrière en soie était vraisemblablement meilleur que celui d’un cultivateur… Mais elle se réserve « le droit, en renonçant à la communauté, de reprendre ses apports francs et libres de toutes dettes par préférence à ceux du mari« .

L’article quatre donne les dispositions qui ont été prises par les futurs époux pour leurs vieux jours : ils « se font réciproquement donation de l’usufruit de tous les biens que le premier mourant d’entre eux laissera à son décès« . Dans le cas où le couple aurait des enfants, « cette donation serait réduite à l’usufruit de moitié« . Toutefois, ils « se réservent expressément de réduire isolément ou conjointement la donation d’usufruit qui procède de manière à pouvoir disposer au profit d’un ou de plusieurs enfants de la quotité disponible déterminée par la loi« .

Les bans sont publiés le 12 novembre et le mariage célébré le 22 novembre suivant.

Signature de Marie Henriette FINET au bas du contrat de mariage – Source : Archives départementales de l’Isère

Bizarrement, Marie a signé au bas du contrat de mariage quelques semaines plus tôt alors qu’il est indiqué sur l’acte de mariage qu’elle ne sait pas signer…

Sa vie de femme mariée

Marie Henriette devait être enceinte au moment du mariage car le premier enfant du couple, Flavie Marie, naît en juin 1872, soit à peine plus de 6 mois après le mariage… Je sais qu’elle s’est mariée en 1893 à La Sône avec Henri Joseph Paul RIVAL. Vient ensuite Amélie Henriette qui naît en 1878. Elle épouse Casimir JULLIEN en 1899 à Saint-Marcellin. Puis c’est Xavier Augustin qui voit le jour en 1880, il se marie en 1911 avec Marie Louise DARLAY et décède en 1969. En 1882, c’est Aline Pauline qui vient agrandir la famille, elle s’éteint en 1887. Ensuite, Paul Hippolyte naît en juin mais ne vit pas plus de 5 mois. Ferréol Hippolyte, l’arrière-grand-père de mon chéri, voit le jour en 1886, je vous ai déjà parlé de lui pour la lettre C, son frère Xavier Augustin est témoin à son mariage avec Marie Julie GIRAUD. Les deux derniers de la fratrie sont Augustin Théophile en 1888 et Joseph Hippolyte en 1890, ils ne vivent respectivement que 2 et 5 mois.

Marie Henriette s’éteint à son tour le 11 août 1892, à La Sône. Elle avait 41 ans. A priori, Xavier lui survit assez longtemps puisqu’il est présent au mariage de Ferréol… mais je ne connais ni le lieu non la date de son décès.


Sources :

  • Acte de naissance de Marie Henriette, Archives départementales de l’Isère, La Sône, naissances. Coll. départementale (1838-1872), vue 85/233 – 5 E 496/2
  • Carte postale de l’usine de tissage de La Sône, Delcampe
  • ROJON Jérôme, L’industrialisation du Bas-Dauphiné : le cas du textile (fin XVIIIe siècle à 1914), sous la direction de Serge Chassagne, Thèse de doctorat : Histoire : Lyon 2 : 2007
  • Contrat de mariage de Xavier et Marie-Henriette, Archives départementales de l’Isère, Minutes de l’étude de Me Dorey – 3 E 25671
  • Acte de mariage de Xavier et Marie Henriette, Archives départementales de l’Isère, La Sône, Mariages (1838-1872), vues 180 & 181/191 – 5 E 496/3
  • Acte de décès de Marie Henriette, Archives départementales de l’Isère, La Sône, Mariages, décès (1873-1896), vue 293/321 – AC 495/4
  • Image de couverture, Carte postale de l’usine de tissage de La Sône, déposée sur Geneanet

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